mercredi 17 février 2010

Indiana Beaudet et le canyon perdu





































Nous avons perdus Nick et Élie hier. Ne vous inquiétez pas, ils sont sains et saufs, et la période de relocalisation aura duré 6 heures. Nous sommes tous à Baja Caracoles, le premier stop important (essence et bouffe) entre Perito Moreno et Tres Lagos (qui elle, est à 500km). Les petits sont au chaud, endormis, au sec et nourris. Le berger est content d’avoir retrouvé ses moutons égarés.


Heureusement qu’il y aie 2 côtés à une médaille. Un pour l’honneur, l’autre pour la victoire.


Voici le côté de l’honneur:



Midi tappant, depuis la Estancia Los Toldos, après un incroyable-mais-vrai superbe petit déjeuner copieux, beau et bon, nous sommes partis en voiture à 18km dans le sentier de la Estancia pour rejoindre le stationnement au bout du chemin de terre. (Je commence sérieusement à détester les chemins de terre – Élie dit que j’y suis pré-destiné) bref, heureusement qu’il fait grand jour car conduire les chemins de terre la nuit, c’est une toute autre histoire. On n’y voit rien du tout, la route est large est monochrome, et à cause que la Ruta Naçional 40 n’est pas terminée, on nous dévie de droite à gauche et on serpente la route pavée. Il est fortement déconseillé sur tous les petits livres de voyage de conduire la 40, la nuit tombée. En route sur le chemin de terre, nous avons vus des troupeaux de guanacos impressionants. Nicolas, lui, a décidé de courir après et les faire paniquer afin d’aggrémenter la photo. On s’est bien marrés.


Arrivés au bout du chemin, nous nous apprêtons à descendre le canyon afin de traverser la montagne pour aller voir la Cueva de las manos (La Cave Des Mains). La Cave, vieille de 9500 ans, est devenue un site protégé et est reconnu comme étant un des sites héritage mondiaux par l’Unesco. Le peuple préhistorique –Tehuelche – une tribu très près de la nature. Ils ont peints (et parfois crachés la peinture) pour en faire une peinture en négatif, sur 600m de longueur, sous les grottes, des mains d’adultes et enfants, gauchers comme droitiers, des guanacos, en grande partie des scènes de chasse, des pleines lunes, des étoiles, des salamandres, des autruches (ici les Choique – prononcé choyké) des bestioles imaginaires (qui faisaient fuire les mauvais esprits), et un seul pied. Le tout, dans des teintes de jaune, de noire et de rouge. Des fois superposés, des fois non. Une main à 6 doigts ici, une tortue par là. Ils utilisaient comme peinture, les minéraux de la terre, et parfois de l’urine. Le soleil, la pluie et le vent n’aident pas à sa conservation, Par contre, toutes les peintures à l’abri des éléments sont restées intactes. Le rouge est très vif dans ce cas-ci.


Sur le chemin du retour, Nicolas nous a fait savoir qu’Élie et lui allaient emprunter un autre chemin de 12km à travers les canyons qui les conduiraeint à la Estancia Las Piedras. Le chemin est dessiné sur un fasicule reçu à l’entrée du Perito Moreno. Ils ont calculé 2 heures de marche, 1 ½ litre d’eau et sont partis. Nous devions donc les rejoindre à la Estancia autour de 17h avec la voiture.


Nous sommes retournés à l’auto, Philippe et moi, mais n’anticipions pas ce retour car la montée du canyon était assez abrupte et raide (on parle d’au moins 50 degrés à la verticale) qui montait très haut. Sommes toutes, c’était beaucoup plus facile que ce qu’on imaginait, et avons pris notre temps pour prendre de belles photos.



Arrivés à la Estancia à 17h. Pas un chat. Qu’un seul cycliste. Le propriétaire est arrivé à 18h.



Encore une fois, il est tellement plus facile pour quelqu’un de parler la langue du pays qu’il visite...le propriétaire (je l’ai affectueusement baptisé “petit papi”) avait l’air d’un vieux français avec son beret. Il me faisait pensé à mon pépé. Il était tellement gentil. Je lui ai expliqué que nous attendions nos amis depuis la cave des mains. Il m’a dit qu’ils en avait pour 12km et 2 heures de plus pour le canyon. Oh non....le petit fasicule n’expliquait pas cela. Nicolas et Élie devaient donc arriver, en temps réel, à 19 ou 20 heures. Bon, après maintes reprises de siester dans l’auto, impossible de dormir. On a pensé que Nicolas, avec toute son expérience de randonées et de montagne, il saura quoi faire. Donc, il ne nous donnait rien de s’exciter pour le moment.


À 20h30, la panique s’est invitée sournoisement chez nous, sans se prononcer. On a demandé à Petit Papi d’emprunter son sentier pour aller voir sur les 12km si on pouvait trouver nos amis, les agneaux égarés. Il est monté dans l’auto avec nous, on a fait les 12km jusqu’à la 2ième barrière (où un pneu indiquant la cave des mains pointait vers le bon chemin et où une grosse pierre était dans le chemin.) On a croisé le cycliste qui avait monté sa tente au beau milieu du champs de Papi. On lui a demandé s’il avait vu 2 randonneurs. Son espagnol lui était traître. J’ai entendu l’accent québécois. Le monde est plus petit qu’on le pense...Il n’a vu personne, mais il leur fera le massage s’il les voit.


Rien dans la pampa au bout du sentier. Que du vent, et du vent frais en plus. Au moins je savais que Nick et Élie étaient bien habillés contre le froid avec leurs manteaux et pantalons. Par contre, l’idée qu’ils n’avaient rien à manger depuis le petit déjeuner m’a plongé dans un nuage de possibilités. Et les pumas, eux? Papi m’a dit que les pumas avaient peur des gens, donc, pas possible de bouffer les humains, m’expliquait-il d’un ton réconfortant. Ouf. Mais ils vont quand même geler!


C’est qu’en 6 heures d’attente, il s’en passe des choses dans une tête. Imaginez-vous dans 2 têtes. J’ai quand même gardé la tête froide, mais je me retiens de dire des choses car je vous imagine à notre place, au milieu de nulle part, dans une voiture presque vide de son essence, à 82km de la cave et à 36km de la prochaine ville (les 2 endroits sur une route de terre) sans nos amis, la nuit tombante, le froid et la noirceur totale qui descend sur le village. Vous pigez? Le drame, quoi. La meilleure chose à faire, dans ce cas, c’est de focaliser toute son énergie sur une seule solution. Papi n’avait pas de téléphone et nous avions 2 possibilités pour nos amis. 1) Ils sont retournés à la Estancia Los Toldos – l’endroit d’où nous sommes partis pour le canyon, ou 2) Ils vont persister et se rendre à la Estancia Las Piedras. Aucune des Estancias n’a de téléphone. Merde! Nos options....on a laissé le message à Papi que s’ils se pointaient... qu’ils passent la nuit et nous reviendrions les prendre le lendemain matin. Nous sommes donc partis faire le plein à Baja Caracoles.



Nous avons trouvé ce petit bled qui n’a qu’un seul resto-hôtel-essence. C’est une petit village habité par 15 familles. TRÈS petit..on s’entend? (“Entiendes?” Comme on dit ici). Il y avait aussi une auberge, mais Philippe m’a indiqué la pompe à essence près d’un autre hôtel. J’ai garé l’auto, j’ai fait le tour du building, vu les 4 entrées. J’ai vu que la réception était dans le petit magasin/bar. En ouvrant la porte, je me suis fait accueuillir par 4 paquets de cigarettes qui se faisaeint fumer en même temps. Le petit Chico (proprio, j’imaginais) était au téléphone public, et me demandait mon nom. Il me demande si mon compagnon de voyage s’appelle Philippe. Il ne peut savoir cela que par les nouvelles données par Nick et Élie. Chico me passe le téléphone, je demande à Nicolas où ils sont. Il me répond “Nous sommes revenus à la cave des mains” d’un ton exténué, vide. Avant de raccrocher je lui dis, “On fait le plein et j’arrive tout de suite”. Opération sauvetage, en avant, toutes! C’est parti, mon kiki.


La victoire:


Ils étaient sur la bonne route. On s’est ratés de peu. Ils étaient à moins d’un kilomètre du bout du sentier, à la première barrière. Le cycliste s’est installé après leur passage.



À la deuxième barrière, ce sont eux qui avaient placé le pneu marqué “Cave à Mains” pointant la bonne direction, et qui ont aussi mis la grosse pierre devant la barrière afin d’indiquer un message qu’ils avaient écrit en petites pierres avec leurs noms et le pneu indiquant la cave pour nous faire comprendre qu’ils y étaient retournés. Bon, c’est un peu tiré parles cheveux, mais compte tenu que Nicolas n’en a plus, c’était pas évident. C’est seulement Papi qui est sorti de l’auto pour ouvrir la barrière qui a déplacé le pneu et la pierre. Je lui ai demandé s’il y avait un message autour de la pierre. Il m’a dit que non. Mais il trouvait bizarre qu’une aussi grosse pierre se retrouve en plein milieu du chemin. C’est comme une enquête policière, tous les morceaux tombent dans les bonnes cases et arrivent à faire une histoire entière.


Je vous laisserai le plaisir à Nicolas ou Élie de raconter leur randonnée. Émotions fortes au rendez-vous. Nicolas a (au moins) avoué avoir eu peur de se faire attaquer par un puma. Nous leur avons acheté de la nourriture et de la boisson pour tenir le coup juqu’à notre prochaine destination. Par chance, les gardiens les avaient nourris de petits biscuits et de maté (thé local). Les gardiens avaient appelé partout et par chance, un gardien est sorti de nulle part, a signalé un numéro et est tombé sur Chico alors que j’affranchissais le seuil de la porte. Je vous jure, c’est comme dans les films. Nous sommes retournés à ce petit hôtel pour y passer la nuit, en évitant de tuer les 120 lièvres qui traversaient la route devant moi et 2 renards. 1 bleu et un bébé.



Chers lecteurs, entre vous et moi: Quelles sont les chances que j’ouvre la porte de l’hôtel dans un bled perdu à 75km du point de départ et que le propriétaire est en train de parler (au même moment) à un des gardiens de la cave à 46 km de ce petit village au beau milieu de rien avec un grand R? Non mais, mathématiquement, scientifiquement et statistiquement, les chances sont presque IMPOSSIBLES!! Ça, c’est parce que Nicolas, au sommet de Cerro Piltriquitron à mis le pied gauche dans une énorme bouze. Ça explique le GROS coup de chance. C’est ce qu’on appelle être “mardeux” en bon québécois.


17 février



Je vous écris encore depuis la route, Nico derrière le volant (photo à l’appui) dans un chemin de terre, son élément. Il pleut, et il fait 9.5 degrés. Merveilleux temps pour conduire . Daniel Bélanger chante à tue-tête avec nous dans l’auto. C’est à croire que la chance nous suit encore. De toute façon, dans la pampa argentine, il n’y a rien à voir, part les troupeaux de guanacos et les choiques. On devrait être à El Chalten dans le début de la soirée. On espère que les nuages se dissipent pendant l’après-midi. La lueur nous fait croire que les nuages ne sont pas trop épais. Un autre coup de chance? Vite, apportez-moi une bouze! Nico, passes-moi ton pied gauche!

1 commentaire:

  1. oh purée de pois chiches sur baguette aillée (ou purée de petits pois verts cuits avec une pointe de crème fraiche !)
    bref, en d'autres terme : quel bol ; quel pot ; quel cul ; quelle chance !!!!!!!!!!!!!!!

    et aussi quel soulagement pour vous tous. Même moi, installée dans mon canapé à lire ces quelques lignes, j'ai flippé ! C'est pour dire ! Isa

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