Aconcagua 2010
Je vous écris depuis l’autobus qui nous mène vers San Carlos De Bariloche. Au total, 17 heures de route (minimum) or, vous aurez 5 heures de texte à lire devant vous (histoire de faire les corrections nécessaires et trouver les mots qui déferlent aisément, mais avec l’autobus qui se trinballe d’un côté et de l’autre et toutes les bosses dans la route, il m’arrive de taper 4 touches en même temps...).
En fait, il n’y a pas tant à écrire. Hier, la journée était destinée, en très grande partie, à l’ascension du premier camp de base (nommé Confluencia)sur la plus haute montagne des Amériques. C’est une randonné assez éprouvante (quand on n’a pas l’habitude) mais pas aussi pire que j’anticipais. (9km)
Philippe n’est pas venu, il sait mieux que quiconque qu’il n’aurait jamais réussi à affranchir l’altitude à plus de 2000m sans sentir les effets néfastes que lui causent l’altitude, et l’entrée du parc se trouve à 2800m au départ. Sage décision de sa part. Ne riez pas, ce n’est pas évident pour tout le monde de grimper si haut.
Nous sommes donc partis, Élie, Nicolas et moi à 8 heures le matin et Élie a conduit jusqu’au Parc National de l’Aconcagua. J’ai déjà voyagé à travers des corridors de montagnes, du Nevada, du Utah, Banff et Jasper, Les Kootenays, les montagnes blanches du New Hampshire et les vertes du Vermont, les Adirondacks de la Gaspésie à L’État de New York. Ça, c’etait du petit lait. Bienvenus dans la cour des grands. À part les montagnes de l’Himalaya je crois que nous étions en train de serpenter quelques une des plus hautes montagnes du monde, du moins, une des plus imposantes chaînes de montagnes. Et que dire des couleurs... le soleil était encore au rendez-vous. Je crois qu’il nous suit car le seul temps où il a moindrement fait mauvais, c’est pendant le transit entre le Chile et l’Argentine, qui elle, n’a que du soleil à nous offrir depuis que nous sommes arrivés.
Retournons à nos moutons. Près de trois heures après avoir quitté Mendoza, nous nous sommes retrouvés au bureau des gardiens du parc. Je ne sais pas comment ils font pour travailler avec ces génératrices qui roulent tout le temps et l’odeur du kérosène qui en émane. Le temps de remplir toute la paperasse auprès des gardiens (qui était près de 10 minutes), j’ai senti mon déjeuner remonter tellement l’odeur était nauséabonde. Faire une rando pour le plaisir de faire une rando n’est pas la même chose dans la cour des grands. Il faut répondre à un questionnaire médical assez approfondi (voir si je me souviens de mon groupe sanguin), médicaments pris, conditions cardiaque, hospitalisation récente, stress, bref, la seule chose qu’ils ne demandent pas c’est la couleur des yeux.
Nous avons reçu nos permis. Prochaine étape, BEAUCOUP de crème solaire. Le soleil cogne et en 6 heures de rando, 3 couches n’auront pas suffit. Bref, que dire de plus à part que nous nous sommes rendus du point A au point B en 4 heures. Le grand vide entre les points A et B, justement, ne l’est pas. Ces 4 très longues heures ont servi à nous refermer sur nous même et de nous faire apprécier le moment présent. L’esprit, la tête, et le coeur se vident pour faire place à ce qui se présente à nous, ici et maintenant. J’ai fait le vide de tout pour pouvoir mieux faire le plein. Il serait trop facile de vous expliquer que le sol était très sablonneux sur le sentier et que plus haut nous montions, plus pesant le pas devenait. Au lieu d’y aller dans le détail, je laisserai parler les photos. Comme ça, j’aurai mille mots de moins à taper par photo. On était 9 ou 10 sur le sentier pendant toute la journée. Il n’y a pas plus précis comme sentiment que de se sentir seuls au monde, sous le soleil, au beau milieu de nul part, loin de toute civilisation, de technologie, de la notion du temps!
Le point B, c’était 3405 mètres de haut, 2 litres de sueur, et quelques sandwichs et bananes en moins. Épuisés mais heureux, je comprends la contagion de Nicolas qui veut toujours accomplir l’ascension d’une autre montagne. Comme nous n’étions qu’au premier camp de base, Nicolas a regretté ne pas pouvoir faire le sommet au bout de trois jours. On a lancé en l’air l’idée de revenir le faire pour vrai.... C’est avec une grande fierté qu’Élie et moi avons atteint notre but. Je n’ai eu aucun mal de tête et cela m’a apporté une grande assurance pour une autre rando en grande altitude. Faut-il avouer que j’ai eu une petite crainte aussi? Vive la pensée positive. Comme Philippe n’était avec nous qu’en esprit, nous avons écrit son nom avec des pierres sur la plus haute butte du premier camp de base. Même s’il n’était pas là physiquement, il a réussi a laisser sa trace sur l’Aconcagua ne serait-ce que pour le temps d’une photo. En fait, je crois que son nom y est encore.
Notre descente fût plus courte, comme il se doit, et nous commençiâmes à anticiper le retour. La réalisation m’a frappé à la mi-descente. Oui, j’ai versé quelques larmes, mais des larmes de bonheur total. Quand on est heureux et qu’il y a un trop plein, il faut que ça sorte. Pour beacoup d’entre vous, ça fait 5 ans que je vous agace avec mes histoires de Patagonie, de voir l’Aconcagua, de le monter et de le voir en personne. 5 ans que je prépare ce voyage, mentalement avec tous ces maux de tête, toute cette logistique de terre inconnue; de réserver des endroits où dormir, quoi voir, quoi boire et quoi faire. Avec 2 de mes meilleurs amis que j’aime, j’ai accompli quelque chose de grand qui m’a changé à tout jamais. Qui NOUS a changé, puisque nous étions les trois seuls personnes au monde, ne serait-ce que pour 6 petites heures.
Nous devions atteindre la cabine des gardiens avant 18h, ce que nous avons faits, à 5 minutes près. Tous nos membres étaient gonflés. Élie ne pouvait plus retirer sa bague, Nicolas avait remplit son plâtre à nouveau (il y fond depuis des semaines) et moi, mes genoux s’ennuyait de ma mère.... La météo sur la montagne peu toujours être imprévisible, nous avions fini par apporter trop de stock dans nos sacs. Les manches longues, les pantalons chauds, le manteaux, les tuques et les gants étaient certes de trop. Il a fait tellement chaud. Je vous le répète, à date, la météo nous gâte!
Après avoir pris nos dernières photos, nous avons traversé la route et à moins de 2 km, nous nous sommes arrêtés sur le bord le route pour voir le pont des incas “Puente Del Inca”. Cette formation naturelle de calcaire, avec les dépôts oxydés venant des fontes des montagnes ont donné cette couleur ochre et blanche à cette formation, et l’eau qui coulait en dessous a formé ce pont, une goutte à la fois. Un jour, lui non plus n’existera plus.
Notre retour à Mendoza était des plus idiots . On a rit tout le long de fatigue et après avoir marché toute la journée, l’esprit de bottine s’est manifesté. J’imagine que dans le folklore pre-colombien, la bottine n’existe par pour expliquer le fou rire qui peut survenir à tout moment. En chemin, nous avons vu un nuage d’une forme complètement sautée! Un gros champignon...comme si une bombe atomique était lachée sur Mendoza. Parfaitement irréel.
J’avais dit à Philippe de commencer à s’inquiéter si nous n’étions pas arrivés à l’apartement après 21h. Nous sommes entrés dans le seuil de la porte à 20h50. La douche était bien meritée, et surtout nécessaire. Les pieds étaient rouges comme la terre sur laquelle nous avions marché. Nicolas a fait du lavage de tous nos vêtements servis pour la rando et a même mis le portefeuille à Élie dans le lavage, blanchiment d’argent? , on ne le saura jamais!
Philippe nous a trouvé un des meilleurs restos (Azafran) de Mendoza qui était malheureusement fermé pour une réception privée. Il était juste à côté du Sr. Buqué, qui, l’avant veille, ne nous avait pas charmé. Nous sommes allés à côté - au DownTown qui était très bien. (Que ce soit le midi ou le soir, un repas par personne avec l’équivalent d’une demie bouteille de vin, ça revient toujours à 20$ toutes taxes et pourboire inclus). Même si la fatigue était omniprésente, Élie a eu un regain d’énergie (je ne sais pas d’où il sortait). Nicolas et moi étions claqués comme des moustiquaires dans un ouragan.
WOW je suis jalouse
RépondreEffacerBonjour Olivier,
RépondreEffacerDésolé, nous n'avons pas pris connaissance de nos commentaires sur notre blogue pour un petit bout. C'est bien gentil pour l'invitation, mais malheureusement, on s'est manqué de près, car vous nous suivez dans notre trajet, a quelques jours d'intervalle. Nous avons décidé de descendre jusqu'à la terre de feu, ou nous sommes presentement, un petit trip pour aller voir les pingouins au bout du monde. Le temps avance vite, et nous partons pour le chili bientot car nous devons etre en bolivie a temps pour notre projet. Je vous souhaite donc un bon périple a Bariloche, du bon chocolat, une belle route des 7 lacs (que nous n'avons pas fait), et un détour obligé au cerro campanario. Nois sommes egalement passés par Calafate pour le glacier, rien de plus impressionnant!! Je vous souhaite du soleil pour cette journee (que nous n'avons pas eu malheureusement) car il parait que l'eau devient turquoise et le glacier a des reflets bleu fluorescents!! Bonne continuation!!!!!!! et félicitations pour votre ascension de l'Aconcagua!!!!
Audrey et GAbriel