Les Monuments
Nous avons fait nos adieux à Moab, tristement. La météo qui s’installe pour la fin de semaine ne s’annonce pas jojo. Il commence à faire gris or nous prendrons la route pour le sud, dans un état plus bas. Pas un chat sur la route (et dire qu’ils vont fermer le pont Champlain à Montréal pour le bonheur de tous ces automobilistes mobilisés en fin de semaine)…par moment, la limite de vitesse ici c’est 120 km/h. Pas mal. On a du chemin à faire pour apprendre des États-Uniens. Par contre, au Québec, nos routes ne sont pas de la même qualité. Ici, si la route est mauvaise, ils vous l’annoncent. Au Québec, s’il fallait faire ça, il faudrait des panneaux à tous les 3 mètres.
Première surprise, la route qu’on a décidés de prendre arrive sur le bord d’une falaise qui doit faire 1000m de hauteur. La route rétrécit, la vitesse ralentit, le pavé devient de la gravelle et une décente vertigineuse en tête d’épingle débute au grand désarroi de Philippe (qui déteste les hauteurs et les falaises abruptes et qui sont omniprésentes au-delà de sa fenêtre d’auto). Il va falloir laver le siège à Philippe avant de remettre la voiture et acheter un petit sapin pour filtrer les pets de stress. Il faudra aussi remplacer la poignée de porte qui s’est retrouvée dans son poing fermé (je blague).
Deuxième surprise, la vallée des Dieux. Un terrain de tours de pierres qui fait 26km de long et qui en met plein la vue. Dommage qu’il fasse gris. Les photos sont couci-couça, puisque la pierre naturelle n’a pas de contraste avec le ciel bleu. Le soleil est là mais se fait indécis. Les nuages sont touffus par ci, fins par là. Bref, pas le moment opportun pour la photographie, plutôt une luminosité harassante pour les yeux.
Ces sentinelles de pierre nous épatent dès la première vue. Elles sont seules, au beau milieu d’un désert, nues devant le vent et la pluie, mais surtout devant le temps. Le temps, cette infime particule est le créateur de ces tours, comme il l’a été pour les arches et les ailerons du parc Arches. Ces gardes de la vallée des monuments sont comme la tribu des indiens Navajo qui les protègent, exposées toute leur vie au soleil, peaux rouges.
Nous nous sommes arrêtés à Kayenta, en Arizona, parmi les indiens. Aucunement réel à ce que l’on voit dans les BD. Ils ne sont pas coiffés de plumes, mais bel et bien de chapeaux de cowboy! On a inversé les rôles? Il y a des chiens errants partout dans ce petit village, abandonnés tout bonnement dans la rue. On se croirait en Argentine. Peut-être sont-ils là pour les même raisons, pour chasser les mauvais esprits?
Nous n’avons pu manger que chez Macdo ce midi car tout est fermé entre 14h et 16h. Je me suis fait approcher par un indien clodo dans les toilettes qui voulait que je le nourrisse. Non mais. C’est triste. Je ne sais pas quoi penser puisqu’il n’y a rien à faire dans ce bled perdu des USA. Ils doivent toucher une pension de l’état, non? Est-ce qu’ils finissent par succomber à leur réputation et boivent leur chèque une fois par mois? C’est un drôle de sentiment que de se trouver en plein milieu d’une réserve indienne où le peuple Navajo se montre usé, sombre, négligé. Sur le bord des routes, on ne voit que des kiosques de bijoux d’argent et de turquoise. Oui, vous me direz, c’est une minorité qui se montre aussi fragile mais il y en a qui ont un boulot, c’est justement, ce n’est pas eux que l’on voit, derrière ces comptoirs et ces caisses, mais ceux qui sont en avant-plan dans la rue, sur le banc à côté de vous au resto. Ce bled me semble détaché et isolé du reste du monde, étrange pour un endroit aussi touristique.
Je ne sais même pas si la réserve est propice à l’élevage de bétail. On a vu quelques vaches, quelques chevaux, c’est tout. La terre est trop aride pour y faire pousser quoi que ce soit. Peut-on vivre de tourisme seulement? Au prix qu’est l’entrée dans la Vallée des Monuments, je croirai que oui. Les souvenirs (qui sont pourtant bien exécutés) sont chers et valent la peine d’être achetés mais sont-ils fait par eux-mêmes, ou fabriqué machinalement quelque part autre qu’ici? Toutes ces questions se posent.
Vous êtes vous demandés où je trouve le temps pour écrire? Le soleil se couche ici à la même heure que vous (17h09). Les jours sont courts, la noirceur est étendue sur presque 13 heures. Il fait jour à 7h ce qui fait que nous avons 9 heures pour faire tout ce qu’on peut dans une journée passée dehors. Voilà. Oui, on pourrait s’imprégner de culture mais comme elle n’est pas loin de la nôtre… ça donne quoi? De toute façon, même si vous trouvez ça froid et inhumain, nous ne sommes pas venus ici faire des contacts. Nous sommes venus nous ressourcer et recharger les piles en pleine nature, devant la beauté qui nous est offerte. Les longs mois d’hiver approchent au pas de course et nous, on les oublie pendant que nous sommes ici, aux visages bronzés, dormant nos 10 heures par nuit. Vive les vacances.
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